Pourquoi avons-nous rassemblé les archives du Mouvement des chômeurs en Haute Garonne ?

Une première raison vient du fait qu’à son dépôt de bilan en 2002 la Maison des chômeurs « ANCRES » (ex Maison Partage créée en 1986) a confié ses archives aux AD31. Nous avions donc déjà répertorié et en place 22 ans d’histoire de l’expérience toulousaine. Expérience en son temps « tête de réseau national » à Toulouse
Une seconde raison, la vente du Centre « Partage » de Thiviers en Dordogne et son déménagement sur Paris a été l’occasion pour « Partage » de nous confier quelques archives et ainsi d’enrichir le fonds existant en l’étendant à des documents nationaux.
Une troisième raison, le CCSC, dont l’histoire est indissociablement liée à celle du Mouvement Partage et des maisons des chômeurs durant ces années-là, a bien voulu nous confier une partie de ses propres archives.

Il n’est pas du tout exclu d’enrichir au fil des années ces fonds émanant de diverses provenances mais concernant une histoire sociale peu et mal connue et encore en marche, celle d’une organisation de chômeurs par eux-mêmes.

Un mouvement qui dérange

Le démarrage de cette histoire de l’intervention collective des chômeurs dans le débat social et son retentissement médiatique d’alors ont manifestement dérangé beaucoup de monde et beaucoup d’intérêts. De divers côtés des tentatives de déstabilisation furent entreprises Dans un premier temps ce sont les courants d’extrême droite qui ont tenté de s’infiltrer dans les maisons, ensuite quelques groupes d’extrême gauche ont essayé de manipuler certaines associations. Ces tentatives ont échoué. Certains syndicats ont multiplié des attaques. Deux grands quotidiens nationaux ont publié des articles mettant en cause Maurice Pagat au sujet de ses activités militantes pendant la guerre d’Algérie*. Des personnalités intellectuelles ainsi que le bureau du CCSC ont protesté et ont tenu à assurer Maurice Pagat de leur solidarité, de leur confiance et de leur amitié. L’affaire du tout début visant à déstabiliser le mouvement (voir le rapport de la MIRE en 183 J1) et le conflit en Dordogne confirmeront la crainte suscitée par ce mouvement naissant.

Malgré ou à cause de cette hostilité certaines maisons de chômeurs ont su prendre des initiatives et ont su expérimenter des activités et des formations nouvelles dans une approche positive du temps de chômage. Elles existent encore malgré tant de difficultés. On verra sur ce site leurs apports de nouveaux acteurs qu’elles occupent encore aujourd’hui. Le CCSC a établi un réseau de nombreux partenaires et le contexte de 2013 des 17 pays de la zone euro de 19 millions de chômeurs (10 millions en 1991) et plus de 5 millions pour la France (3,2 millions sans activité et 1,8 million avec activité réduite) maintient l’urgence de solutions nouvelles.

L’histoire sociale devrait pouvoir décrypter les raisons de ces affrontements au démarrage du syndicat des chômeurs et des premières maisons. L’affaiblissement progressif du militantisme d’origine pose la question de la pertinence d’une organisation autonome de chômeurs ? On peut retenir aujourd’hui que seul le Comité Chrétien a apporté son soutien au démarrage et continue à occuper un espace aujourd’hui dans la vie associative concerné par le chômage. Espace où l’on n’est pas nombreux.

Annie Dreuille

Présidente de l’association « Archives Partage CCSC »

* On trouvera aux Archives départementales sous la cote 183 J1 ainsi qu'à la bibliothèque le journal "Témoignages et Documents" dont il était directeur.